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SANS SES CAFÉS, PARIS NE SERAIT PLUS PARIS !

Les cafés emblématiques de Paris : symboles du patrimoine culturel et de l'art de vivre - Café Joyeux

Comme les titis, les bateaux mouche, les bouillons et les bouquinistes, les cafés parisiens sont une institution. Emblématiques de la capitale, les cafés font partie de son âme mais surtout de son histoire, de sa politique et de sa littérature qui, très souvent, se sont écrit au coin d’un zinc.

Si quelques cafés inspirés du modèle oriental étaient ouverts dès le 17e siècle, les lieux, plutôt sales, repères de gueulards et où l’on servait tantôt du gros rouge tantôt un breuvage noir infect, avaient mauvaise presse. En 1669, l’ambassadeur de Turquie, Soliman Aga Mustapha Raca, en visite, introduit le café à la cour de Louis XIV. L’engouement pour la boisson turque est tel qu’un sicilien du nom de Francesco Procopio dei Coltelli, fraîchement arrivé à Paris, a l’idée lumineuse d’exploiter le filon.

Le Café Procope ouvre ses portes en 1686, rue des Fossés Saint-Germain, l’actuelle rue de l’Ancienne Comédie. Luxueux, le Procope attire une population aussi raffinée que le décor. On y croise vite dramaturges, comédiens, critiques, intellectuels et galants qui viennent y déguster de la limonade, des sorbets et surtout du café, boisson qui dit-on, stimule l ‘esprit et élève l’art de la conversation. Le Procope devient le premier d’une longue lignée de cafés parisiens, scellant l’alliance du café avec le monde des lettres.

LE COMPTOIR, LE PARLEMENT DU PEUPLE

Le succès du Procope fait rapidement des émules. Dès la fin du 17e siècle, le Roi s’émeut de leur succès et de leur nombre. Car si l’on y parle littérature, les cafés sont aussi le lieu de conversations politiques. Sa Majesté songe donc à les interdire… En vain.

Au 18e siècle, Balzac consacre la vocation politique des cafés : « Le comptoir d’un café est le parlement du peuple ». Les Philosophes des Lumières se retrouvent au Procope mais aussi dans les cafés de la rive droite, autour des jardins du Palais-Royal : le Café des Arts, le Café des Aveugles, le Café de la Régence, le Café Véry, le Café de Foy, le Café du Caveau, le Café des Mille Colonnes. 

A cette époque, le café devient le catalyseur et le diffuseur des idées nouvelles, le royaume du pouvoir et des contre-pouvoirs. C’est au café que les Révolutionnaires combinent leurs actions. A la fin du 18e siècle, Paris compte plus de 3000 cafés.

LE CAFÉ, COMME DEUXIÈME MAISON

Au début du 19e siècle, les cafés parisiens s ‘exportent vers les boulevards, près des théâtres et de l’Opéra. Le Grand Café des Capucines, le café Godet, le café Turc, le Café Riche, le Café de la Paix, le Café du Divan, le Café Frascati, celui des Variétés et le mondialement connu café Tortoni restent de hauts lieux de débats politiques. On y sert du café, mais aussi du vin, de la bière et de l’absinthe. L’ambiance est plus mondaine. Les écrivains y croisent les dandys et les gens de la Bourse. Dans un Paris redessiné par Haussmann, les premières terrasses se déploient sur les trottoirs.

Près de la place Saint-Georges, La Nouvelle Athènes est le territoire des peintres. Ceux de la Belle Epoque investiront les cafés de la Butte Montmartre, le Lapin Agile, le Chat Noir et le Café Guerbois. A Montparnasse, on croise Baudelaire et Verlaine à La Closerie des Lilas, bientôt rejoints par le Dôme et la Rotonde, puis la Coupole. Le Café Racine, le café Molière, le Café de Flore, Les Deux Magots, puis Lipp, accueillent la jeunesse du quartier latin.

Après-guerre, Jean-Paul Sartre et sa bande établissent leur quartier général au Café de Flore. Ils y vivent de neuf heures du matin au soir. « Nous étions au Flore comme chez nous », écrit-il. Un temps déserté avec l’arrivée de la télévision, les cafés parisiens ont retrouvé leur importance sociale. Qu’on y boive rapidement un petit café au comptoir ou qu’on y passe ses journées, le café reste le berceau de la vie parisienne, « le baume du cœur de l’esprit » dixit Giuseppe Verdi.